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Cette gravure au burin, éditée par Agapito Franzetti à Rome, a été gravée par le buriniste Vincenzo Feoli d’après un dessin du peintre et dessinateur Domenico Del Frate.
Cette estampe qui porte le N° 2, est issue d’une série représentant les danseuses de Pompéi. Ces danseuses ou bacchantes sont à l’origine visibles sur des fresques qui ornaient une villa de Pompéi et non d’Herculanum comme peut le laisser penser l’inscription Baccante dell Ercolano. Ercolano fait ici référence à la porte d’Herculanum, lieu de Pompéi où se situait la villa dite de Cicéron et dans laquelle elles ornaient les murs. Ces fresques devenues célèbres dès leur découverte à Pompéi lors de l’excavation en 1759 de la Villa dite de Cicéron sont désormais conservées au musée d’archéologie national de Naples.
Cette gravure au burin représente une tympanistria jouant du tympanum (ou tambour de basque) notamment utilisé lors de cultes rendus à Bacchus. C’est une figure classique de l’époque antique largement reprise au XVIIIème siècle néoclassique.
D’autres gravures de bacchantes sont visibles sur notre site
Né à Lucques (Italie) le 15 juin 1765 Domenico Del Frate fut à son époque un dessinateur renommé, un fresquiste sollicité et un homme apprécié par ses contemporains.
Son père, Santi Del Frate, peintre et directeur d’académie l’introduisit dans l’univers des artistes de son temps. Il se forma et travailla successivement auprès de Bernardi Nocchi et d’Angelika Kauffmann, peintres importants. Aux alentours des années 1795, Domenico Del Frate intègre le cercle des intimes d’Antonio Canova. Immense artiste connu pour ses œuvres telles que Psyché ranimée par le baiser de l’Amour conservée au musée du Louvre ou Thésée sur le Minotaure exposé au Victoria and Albert Museum de Londres, Antonio Canova s’était entouré d’un groupe de peintres, sculpteurs, graveurs et architectes avec lesquels il travaillait.
Ainsi en 1804 Domenico del Frate fût chargé par Antonio Canova d’installer en Pologne son « Persée » acquis par le Comte et la Comtesse Tarnowski, pour leur Château de Dzików. Eux même clients de Domenico Del Frate ce dernier assurait pour Canova la gestion de ses affaires auprès de ces riches mécènes.
Au-delà des missions à l’étranger que Canova pouvait confier à son ami, Domenico Del Frate était aussi l’un des dessinateurs attitrés du grand sculpteur. En effet Canova était un grand consommateur de dessins et gravures de ses propres sculptures et projets qu’il transmettait à ses clients pour les faire patienter ou les tenir informés de l’avancement de leur commande. Domenico Del Frate, apprécié pour ses qualités de dessinateur sur modèle antique était fréquemment sollicité pour l’exécution de ces dessins.
Del Frate collabora aussi avec nombre de grands artistes de son temps comme Raphael Morghen, Giovanni Volpato ou Pietro Fontana, pour la production de catalogue et d’œuvres gravées. Ces œuvres étaient notamment destinées aux riches voyageurs européens qui effectuaient leur Grand Tour.
En 1813, Domenico Del Frate fut élu à l’Accademia di San Luca à Rome (Académie de Saint Luc) dont Canova était le directeur. Il fut du reste, nommé à la chaire de disegno figurativo en 1821, quelques mois avant sa mort. A partir de 1815 Domenico del Frate devint un artiste en vue et sollicité notamment pour ses qualités de fresquiste. Il œuvra ainsi pour les personnages illustres de son temps comme le prince Torlonia, le Pape Pie VII ou la reine d’Espagne Marie-Louise de Bourbon.
Habile buriniste dont la maîtrise et la qualité d’exécution des illustrations qu’il réalisait furent appréciées par ses contemporains. Vincenzo Feoli réalisa de nombreuses gravures à caractère architectural et archéologique. Il collabora notamment avec des architectes célèbres comme Giuseppe Valadier ou le français Antoine Desgodets avec lequel il participa à la production d’un recueil de ses dessins : Les Édifices antiques de Rome, dessinés et mesurés très exactement. Cet ouvrage rencontra un grand succès l’amenant à être réédité et traduit dans plusieurs langues.
A partir du XVIII ème siècle sont redécouvertes Pompéi et Herculanum, villes romaines antiques détruites par l’éruption du Vésuve en l’an 79 après Jésus-Christ. Ces fouilles constituèrent le premier grand chantier archéologique du monde occidental et eurent un impact conséquent sur l’esthétique européenne de l’époque
Favorisé par la pratique du Grand Tour un intérêt pour l’Antiquité et son esthétique particulière se diffuse en Europe. Le Grand Tour consistait pour les jeunes aristocrates anglais, français ou prussiens à visiter durant leurs années de formation l’Europe, et plus particulièrement en Italie et en Grèce, les vestiges des civilisations antiques.
Concomitamment se développe en Occident un nouveau mouvement artistique, le néoclassicisme. Tout à la fois réaction aux styles baroque et rococo qu’expression des courants de pensées nourries par la philosophie des Lumières, le néo-classicisme manifeste un désir de retour aux sources de l’art dont l’origine est pensée comme antique.
L’architecture, la peinture puis la sculpture sont théorisées et deviennent les vecteurs de l’expression des vertus attribuées à la démocratie grecque et à la république romaine. Les élites et dirigeants « éclairés », parmi lesquels des monarques, séduits et convaincus par ces idées, participeront activement à la diffusion de cette esthétique. Ainsi le futur Charles III roi d’Espagne fît il diffuser en occident un recueil gravé Le pitture antiche d’Ercolano e contorni incise con qualche spiegazione (Les anciennes peintures d’Herculanum et les contours gravés avec quelques explications) dans lequel nous pouvons admirer nos bacchantes dessinées par Camillo Paderni et gravées par Filippo Morghen.
Le pitture antiche d’Ercolano e contorni incise con qualche spiegazione (https://archive.org/details/A216167/)
Lenormant, François (1837-1883). Chefs
d’oeuvre de l’art antique. 2e série, Monuments de la peinture et
de la sculpture. Tome 3 / 1867-1868.