Amedeo Modigliani

Dessin d’Amedeo Modigliani – Pierrot en collerette

Amedeo Modigliani

Pierrot en collerette

Dimensions : H : 43,9 cm ; L : 26,9 cm

Lieu de production : Paris ( France )

Matériau : Crayon gras sur feuille de papier

État : Très bon état

Références : Musée d’art moderne de Paris, Metropolitan Museum of Art de New York, Centre Pompidou Paris, Musée d'Art Ohara, Kurashiki Japon;

Conditions : Oeuvre encadrée.

L'achat de cette oeuvre ne peut être finalisé en ligne

Description

de l'oeuvre

Pierrot en collerette

Cet exceptionnel dessin d’Amedeo Modigliani, représente le visage de Pierrot de trois-quarts. Comme l’affectionne ce personnage de la commedia dell’arte, il porte une grande fraise et une calotte. Les sourcils noirs et nets suggèrent que son visage est enfariné. Un grand nez aquilin surmonte une petite bouche délicate dont les lèvres semblent esquisser un sourire. Comme souvent sur les dessins de Modigliani l’un des yeux semble vide, sans pupille.
Dans le coin inférieur droit figure le tampon de collection du docteur Paul Alexandre et la numérotation.
Mise en valeur dans un cadre noir a reflet doré l’œuvre est présentée dans un montage avec carton de conservation et vitre de protection anti-UV (Perspex).
A l’arrière du montage sont collées différentes étiquettes relatives aux expositions ayant présenté ce dessin de Modigliani.

Ce dessin d’Amadeo Modigliani a été exposée à de nombreuses reprises et notamment à Tokyo au musée royal Uneo, au Musée juif de New York, au Musée de la ville Livourne et à Vienne à l’Albertina Museum.
Acquis directement par Paul Alexandre auprès d’Amedeo Modigliani, ce dessin a été transmis par descendance à l’actuel propriétaire.

Amedeo Modigliano - dessin de Pierrot à la collerette de la collection du docteur Alexandre
Pierrot en collerette - Amadeo Modigliani 1911

D’un œil, observer le monde extérieur, de l’autre regarder au fond de soi-même. Amadeo Modigliani

LIVOURNE (ITALIE) 1884 – PARIS (FRANCE) 1920

Figure emblématique de l’artiste complet de la Bohème parisienne des années 1910, Amedeo Modigliani est un des artistes les plus importants de l’Avant-Garde du début du XXème siècle à travers ses peintures, ses sculptures, mais surtout ses dessins épurés et synthétiques qui reflètent tout son art et l’ensemble de sa trop courte carrière.

Né à Livourne en Toscane d’une famille juive et commerçante le 12 juillet 1884, Amedeo Modigliani est un enfant maladif mais très tôt irrésistiblement attiré par l’art. Touché par la typhoïde et la tuberculose, il passe de nombreuses fois près de la mort ce qui convainc sa mère de le laisser entreprendre des études artistiques auprès du peintre livournais Micheli et l’incite à emmener Modigliani adolescent se refaire une santé dans le sud de l’Italie. Entre 1900 et 1902, il séjourne à Naples, Capri, Florence et Rome où il se noie dans les Antiques qui émailleront son oeuvre dessinée et sculpturale, très marquée par l’Antiquité, comme en témoignent les nombreuses cariatides ou figures féminines hiératique et hellénisantes qu’il dessinera par la suite.

En 1906, il s’installe à Paris et s’initie à la Bohème artistique du quartier de Montmartre qu’il fréquente à l’image de Picasso au Bateau-Lavoir. Un an plus tard il rencontre le docteur Paul Alexandre, fraîchement diplômé à l’âge de 26 ans et qui a mis à la disposition de ses amis artistes un pavillon promis à la démolition rue du Delta à Montmartre qu’il loue à la Ville de Paris. Parmi les habitués du Delta, Constantin Brancusi qui influencera le passage à la sculpture de Modigliani ou Henri Doucet qui présente le peintre désargenté et encore inconnu au docteur Alexandre. Celui-ci, immédiatement séduit, devient son principal admirateur et unique mécène. « Tout de suite j’ai été frappé par son talent extraordinaire et j’ai voulu faire quelque chose pour lui. Je lui ai acheté des dessins et des toiles, mais j’étais son seul acheteur et je n’étais pas riche. » raconte le docteur Alexandre. La pauvreté émaille la vie du peintre livournais. Alors que les artistes du pavillon du Delta s’emploient à côté de leur production à des travaux de serveurs ou de manutentionnaires pour vivre, Modigliani refuse tout travail qui l’éloigne de son art. « Il ne voulait que de son art […] c’était un aristocrate né. […] C’est qu’il avait pour l’art une passion exclusive. Pas question d’abandonner, même un instant, pour des tâches sordides à ses yeux, ce qui faisait sa raison d’être ».

Durant ces années, Modigliani crée un système de dessin spontané au trait clair et simplificateur toujours porté sur la vue directe qui synthétise les formes et tente de rendre l’essence intérieure de son modèle. Il définit ainsi son art : « D’un oeil, observer le monde extérieur, de l’autre regarder au fond de soi-même ». Il dessine énormément, répétant les mêmes traits, les mêmes modèles jusqu’à obtenir la pureté désirée du trait. De même pour la sculpture qui devient sa principale occupation à partir de 1909, il s’exerce indéfiniment par le dessin avant de passer à la taille directe. Ses sujets, sont alors ses égéries féminines, les nus, les sujets antiquisants comme les cariatides ou le monde du théâtre et du cirque qu’il affectionne et qui est très présent au Delta.

Paul Alexandre lui commande des portraits et l’inscrit en 1910 au Salon des Artistes Indépendants où il expose six toiles. 

En 1914, la guerre voit la mobilisation du docteur Alexandre et la séparation des deux amis qui ne se reverront plus. Le peintre trouve alors en Paul Guillaume un nouveau mécène exclusif jusqu’en 1916 où Léopold Zborowski, un poète polonais, devient son marchand et son agent. Il rencontre en 1917 Jeanne Hébuterne, jeune étudiante en art, qui devient sa dernière muse, inspire sa série de grands nus et de qui il aura une fille, Jeanne. Rongé par l’alcool et la tuberculose, il s’éteint à l’hôpital à Paris le 24 janvier 1920 à seulement 35 ans. Désespérée, Jeanne Hébuterne se donne la mort deux jours plus tard et rejoint sa dépouille dans une tombe commune au Père Lachaise. 

Si 80% des 337 peintures de Modigliani ont été réalisées entre 1914 et 1919 et sont représentatives du style de la fin de vie de l’artiste, les dessins réalisés tout au long de sa carrière représentent mieux l’ensemble de l’oeuvre de cet artiste complet.

L'oeuvre

dans son contexte

Lors d’un entretien sur Modigliani, le Docteur Paul Alexandre confiait à son fils Noël,
« Modigliani aimait le théâtre dans lequel réside une vie comme intermédiaire entre celle du rêve et celle de la réalité. Au théâtre il nous semblait que nous rêvions éveillés… »
Ainsi toute une série de dessins de Modigliani lui furent inspirés par le théâtre, le cirque ou le pantomime. Pierrot, Arlequin et Colombine personnages récurrents du théâtre italien de Paris furent représentés à quelques reprises par Modigliani.
Personnage type de la commedia dell’arte, Pierrot est l’éternel amoureux de Colombine qui l’éconduit pour son rival Arlequin.
Il a inspiré de nombreux artistes comme Gustave Doré ou Pablo Picasso et toute une génération de mimes fin XIXème début XXème comme Charles Debureau, Louis Rouffe ou Severin Cafferra qui consolidèrent auprès d’un public large un personnage populaire et archétypal.
Ayant évolué progressivement du clown triste à l’être lunaire et sublime, Pierrot est un personnage voyageant entre deux mondes, passant du réel à l’irréel, à même de nous parler de Modigliani lui-même.

Photographie argentique prise en 1855 par Nadar représentant Jean-Charles Debureau en pierrot
Jean-Charles Debureau en Pierrot - Détail d'une photographie - Nadar 1855

En 1915, dans un autoportrait actuellement conservé à Copenhague, Modigliani s’est représenté en Pierrot, un œil observant le monde extérieur, l’autre regardant au fond de lui-même. Ainsi les portraits de Modigliani sont ils plus que la représentation d’un visage, ils sont également le dévoilement d’une âme.
Adepte d’ésotérisme, ayant pratiqué le spiritisme, entretenant une correspondance mystérieuse avec Max Jacob, Modigliani laissa quelques messages à connotations alchimiques sous forme de notes et d’inscriptions sur certains de ses dessins qui nous montrent le désire qu’il avait de voir au-delà des choses.
Ainsi a l’instar de Pierrot, un pied de chaque côté du miroir, Modigliani ne peut être considéré comme totalement de son époque ni complétement assigné aux courants artistiques qui y naquirent.
Modigliani comme Pierrot est à part.

D’autres œuvres d’Amedeo Modigliani

Peinture en huile sur carton représentant un autoportrait d' Amadeo Modigliani en Pierrot vers 1915 .Conservée au Statens Museum for Kunst à Copenhague
Autoportrait en Pierrot - Huile sur carton - Amadeo Modigliani -1915 - Conservée au Statens Museum for Kunst à Copenhague

sources

N. Alexandre, Modigliani inconnu. Témoignages, documents et dessins inédits de l’ancienne collection Paul Alexandre. Paris, Albin Michel, Fonds Mercator, RMN 1996. [Cat 40] 101. p. 187

Modigliani Unmasked: Drawings from the Paul Alexandre Collection, publié pour l’exposition du Musée Juif de New York, 15 septembre 2017 – 4 février 2018, Yale University Press. pleine page 116 & 156 [detail]

Modigliani: The Primitivist Revolution, publié pour  l’exposition musée Albertina, Vienne, Septembre 2021 – Janvier 2022, imprimé par Hirmer. Page 140

Cette œuvre a été exposée à :
– Tokyo, The Ueno Royal Museum, 1994
– Bruges, Centro D’Arte San Giovanni, 1994
– Montreal, The Museum of Fine Art, 1996
– Rouen, Musée des Beaux Arts, 1996
– New York, The Jewish Museum, 2017-2018
– Livorno, Museo della Citta di Livorno, 2019-2020
– Vienna, The Albertina Museum, 2021-2022

nous contacter

commande - demande de renseignement