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Ce magnifique vase balustre a épaulement a été réalisé par Eugène Lion représentant majeur de l’école de Carriès.
Réalisé en grès probablement vers 1910-1920, il présente une couverte d’un rouge Bordeau profond caractéristique des céramiques japonisantes d’Eugène Lion. Le col à épaulement déploie une couverte texturée vert-de-gris qui souligne la forme travaillée de ce vase. L’esprit de la céramique japonaise est totalement à l’œuvre dans ce vase à l’esthétique Wabi-Sabi.
La caractéristique des grès du Puisaye réputés pour leur qualité est leur robustesse et leur imperméabilité sans même la couverte qui est dû à la vitrification d’une argile à forte teneur de silice cuite à 1200-1300°C.
Eugène Lion formalisa vers les années 1920 une formulation d’engobe à base de cuivre lui permettant d’obtenir une couverte rouge Lie-de-vin qui fît sa renommée. Un vase déployant des teintes rouge sombre semblables aux nôtres est visible au MET à New-York.
Amand Eugène Albert Lion naquit le 9 avril 1867 à Saint-Amand-le-Puisaye, terre ancestrale d’artisans potiers depuis le XVe siècle. Son père, Amand, lui-même potier, lui transmis son savoir et sa pratique comme son propre père avant lui.
Produisant une céramique pour les usages de la vie quotidienne, l’arrivé du sculpteur Jean Carriès vers 1888 à Saint-Amand-en-Puisaye, va insuffler liberté et innovation dans la pratique des potiers poyaudins.
Le père d’Eugène fût l’un des premiers à accueillir dans son atelier le sculpteur Carriès et lui prodiguer ses conseils de potier expérimenté. Eugène à son tour et jusqu’à la mort de Jean Carriès en 1894 assistera le maître tout en menant une production personnelle.
Jean Carriès exerça une forte influence sur la pratique et les recherches d’Eugène Lion que l’on peut considérer avec Jean et Léon Pointu, Paul Jeanneny ou William Lee comme l’un des plus importants représentants de l’école de Carriès. Bien qu’ayant produit une grande quantité de vases aux formes et couvertes variées inspirées des travaux de Jean Carriès et de la céramique Japonaise alors en vogue à l’époque, l’esprit des potiers du Puisaye reste bien visible dans l’œuvre d’Eugène Lion.
Revendiquant un grès de genre japonais, il n’hésitait pas à produire une céramique fortement marquée dans sa matière, allant jusqu’à la déformation volontaire. C’est tout l’esprit de la céramique japonaise donnant l’impression d’une nature en action qui s’exprime dans l’œuvre d’Eugène Lion.
Réputé pour ses grès à couvertes rouge, il établit durant les années 20 une formulation à base de cuivre qui lui assura une certaine renommée. Proche d’un rouge lie-de-vin, les émaux d’Eugène Lion ne sont pas sans rappeler par moment ceux plus vifs et violacés de Pierre-Adrien Daplayrat.
Son fils Pierre repris l’atelier à la mort de son père en 1945. Il fît perdurer l’héritage artisanal et culturel familial jusqu’à la fermeture de la poterie en 1978, année de la mort de Pierre Lion.
La céramique d’Eugène Lion s’inscrit dans l’école de Carriès qui s’est développée à la suite de Jean Carriès à Saint-Amand-en-Puisaye, centre de production de grès depuis le Moyen Âge.
Son fondateur, Jean Carriès (1855-1894) l’avait choisi pour la qualité de ses terres et de ses artisans potiers auprès desquels il apprit le métier du grès. Sculpteur doué et portraitiste renommé et triomphant du Paris des années 1870-80, il avait décidé de rompre avec la sculpture pourtant au sommet de son art en 1878 en visitant l’exposition universelle de Paris, après avoir assisté à une cérémonie du thé. Subjugué par la beauté, la pureté et la profondeur spirituelle des ustensiles en grès japonais il décida de consacrer sa vie au grès ce « mâle de la porcelaine ».
La présentation de collections japonaises comme celle d’Emile Guimet lors de l’Exposition universelle de Paris en 1878 a beaucoup fait pour la diffusion de l’esthétique japonaise dans l’art français et particulièrement dans les arts décoratifs comme la céramique. Codifiée au XVIème siècle par Sen no Rikyu, la cérémonie du thé concentre l’essence d’une esthétique japonaise ritualisée à la recherche de la perfection qui fascina les artistes de la fin du XIXème siècle par son rapport à la nature et son acceptation de l’intervention de celle-ci dans la création artistique. A l’instar de Jean Carriès, d’autres grands céramistes français comme Félix-Auguste Delaherche ou Pierre-Adrien Dalpayrat, furent profondément influencés par l’esthétique Japonaise découverte en leur temps.
Œuvres en relation :
P. Monjaret & M. Ducret, <em>L’école de Carriès, l’art céramique à Saint-Amand-en-Puisaye 1888-1940</em>, Paris, Les éditions de l’amateur, 1997
http://www.grespuisaye.fr/index.html