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Avec Beryllos, Sophie Mattei dépasse la simple figuration animale pour atteindre une forme de révélation minérale. Le cheval, dressé dans une posture noble et sereine, incarne une force contenue. Son port altier, sa crinière transfigurée en formations cristallines aux reflets aquatiques, évoquent une matière à la fois pure et mystérieuse. Ces pointes géométriques, semblables à des éclats de pierre précieuse, semblent surgir d’une lente métamorphose — celle d’un être vivant progressivement absorbé dans une essence minérale.
Le titre Beryllos trouve son origine dans le latin beryllus qui désignait un cristal de la couleur de l’eau de mer — une pierre précieuse, fluide et dense, entre clarté et profondeur. Le béryl, souvent bleu-vert ou translucide, incarne cette ambivalence entre solidité et limpidité.
Beryllos se situe précisément dans cette tension : entre monde naturel et abstraction mystique, entre la présence animale et la pérennité des gemmes. Le cheval n’est plus simplement un sujet : il devient symbole. Symbole d’un corps transfiguré par le temps, d’une beauté pétrifiée, d’une lumière minérale surgie du vivant. Dans sa densité cristalline et son éclat aquatique, Beryllos semble nous parler d’un autre plan de réalité — celui où la matière, chargée de mémoire et de sacré, devient langage.