Léon Pointu, céramiste art déco de l’école de Jean Carriès à Saint-Amand-en-Puisaye est né en 1879 à Fontainebleau, où son père, Jean Pointu, possédait une fabrique de céramique. Ainsi, il a grandi et a été formé dans un environnement entièrement dédié à la production céramique, aux côtés de son père. En 1906, son père abandonna la production industrielle de céramique pour s’installer à Saint-Amand-en-Puisaye, attiré par le dynamisme artistique de la région, initié par l’arrivée de Jean Carriès et suivi par de nombreux potiers inspirés par son travail comme Eugène Lion.
L’influence japonisante se manifeste dans l’œuvre de Léon Pointu à travers ses formes et ses décors, qui évoquent l’esthétique du chanoyu, la cérémonie du thé japonaise. Fasciné par la beauté des ustensiles en grès japonais, il décida de se consacrer à cet art. L’exposition de collections japonaises lors de l’Exposition universelle de Paris en 1878 a beaucoup contribué à diffuser cette esthétique au sein de l’art français, notamment dans la céramique. La cérémonie du thé, ritualisée par Sen no Rikyu au XVIe siècle, a captivé les artistes du XIXe siècle par son lien avec la nature et son impact sur la création artistique. Carriès a intégré des éléments symbolistes de la nature dans ses œuvres en grès, tandis que Jean Pointu a exploré les effets émotionnels des émaux mats, comme avec sa glaçure fourrure de lièvre. L’utilisation de l’or, des coulures et des émaux mats a grandement influencé l’esthétique de l’art nouveau et de l’art déco dans les arts décoratifs. L’influence du Japon a également été cruciale dans le développement de l’artiste-artisan et de l’art total à la fin du XIXe siècle.
Bien que marquée par l’exigence de simplicité japonaise, l’œuvre de son père Jean Pointu se distingue des potiers de l’école de Carriès par sa volonté de maîtriser les formes et les processus de création.
Il est indéniablement un artisan expérimenté et rigoureux lorsqu’il arrive à Saint-Amand à l’âge de 63 ans, ne laissant rien au hasard. Il sélectionne méticuleusement ses matériaux et son personnel, choisissant des tourneurs et des anseurs qui ont travaillé aux côtés des plus grands artisans. L’art de Jean Pointu se distingue par l’application stratégique de couches d’émail mat, créant une surface de vases où la glaçure vibre, enveloppant des formes fluides qui témoignent d’un souci exceptionnel de perfection.
Léon Pointu se forge auprès de son père et devient son associé après avoir achevé son service militaire. Pendant la période d’activité de son père, son style artistique ne se distingue pas vraiment du sien, mais à partir de 1921, lors du retrait de son père, et plus encore après sa mort en 1925, son travail commence à prendre une direction distincte. Les formes s’agrandissent, les couleurs s’affirment et de véritables innovations émergent dans l’art de Léon Pointu, telles que les cascades épaisses qui coulent depuis l’épaulement et qui prennent une épaisseur supplémentaire, imitant même la texture de la peau de serpent.
Dans les années 30, sous l’influence de Lucien Brisdoux, Léon Pointu donne à ses vases des motifs réticulés ou ocellés de nuages, agrémentés de coulures d’or ou de platine, soigneusement maîtrisés, sur des fonds sombres ou bleutés.
Brisdoux était propriétaire de la Poterie-Neuve à Saint-Amand, qui servit d’atelier aux Pointu entre 1906 et 1916. Spécialiste des glaçures et des oxydes métalliques, Brisdoux a eu une grande influence sur les potiers de l’époque, notamment sur Pointu et Raoul Lachenal, avec qui il a collaboré. La technique utilisée ici a été développée par Lucien Brisdoux et implique une application minutieuse d’or céramique sur lequel est projetée de la créosote, une huile extraite de goudrons, permettant ainsi un contrôle précis et une conservation parfaite des coulures.
Malgré cela, il reste fidèle à l’héritage artistique de son père par sa quête de perfection, en choisissant méticuleusement ses matières premières et ses émaux, souvent importés de la maison l’Hospied à Golfe-Juan, qui entretient des liens étroits avec la famille Massier.
Léon Pointu organise une exposition dédiée à son père lors du Salon de 1928, avant de décéder en 1942. Sa production est poursuivie par son épouse et son fils jusqu’en 1947, année où l’atelier est transformé par son fils Michel Pointu en une entreprise de vaisselle industrielle, Arts-Ceram.