Frédéric Kiefer, céramiste talentueux, a marqué l’histoire de la céramique par son expertise dans la céramique grand feu, travaillant avec les grands céramistes de son époque. Né le 2 juillet 1894 à Diemeringen en Alsace, il a évolué au cœur de la production de céramique d’art française à Sèvres et Boulogne-Billancourt, villes renommées pour leur tradition céramique.
Diemeringen était célèbre pour ses poteries, accueillant de nombreuses familles de potiers depuis des générations.
Frédéric Kiefer, descendant d’une lignée de potiers anciens, débuta son apprentissage dans l’entreprise familiale, où il acquit probablement les compétences pour fabriquer la poterie traditionnelle alsacienne, notamment les moules à Kougelhof et les terrines richement décorées.
La Première Guerre mondiale et l’avènement de produits comme l’aluminium ou le plastique, qui rivalisaient avec la terre cuite traditionnelle utilisée pour les ustensiles de cuisine et la poterie horticole, ont précipité le déclin des poteries familiales de Diemeringen au début du XXe siècle. Dans ce contexte économique difficile, Frédéric Kiefer a été contraint de quitter son village pour travailler comme tourneur à la manufacture de grès de Beauvais, sous la direction du céramiste et industriel Charles Gréber.
Par la suite, Frédéric Kiefer occupa les postes de mouleur-estampeur à la manufacture Gentil et Bourdet à Boulogne-Clignancourt, et de modeleur de plâtre au bureau d’études de l’entreprise Renault, située également à Boulogne-Billancourt. Ces deux villes, fusionnées en 1925, étaient des centres industriels majeurs liés à l’automobile et à l’aviation. Elles abritaient, au début du XXe siècle, de nombreuses entreprises céramiques de renommée internationale, telles que Fau et Gaillard, la manufacture du Pont de Sèvres, ou encore la maison Collinot et Cie, fondée par Eugène-Victor Collinot et Adalbert de Beaumont. Ces entreprises, avec une clientèle internationale prestigieuse comme le Shah de Perse ou le musée de Kensington, étaient représentatives de l’activité céramique innovante en Île-de-France. Dès 1930, Frédéric Kiefer a participé à des expositions nationales et internationales, où son travail a toujours suscité l’admiration.
Frédéric Kiefer rejoignit la manufacture de Sèvres en 1936, où la même année il reçut la prestigieuse distinction de l’un des Meilleurs Ouvriers de France en céramique d’art (Groupe XV, Classe 2), une reconnaissance partagée avec le fils de Pierre-Adrien Dalpayrat en 1925. Son talent exceptionnel en céramique était ainsi honoré. En 1937, lors de l’Exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne de Paris, il exposa plusieurs de ses œuvres, dont certaines furent acquises par l’État et sont désormais exposées au musée d’Art moderne de Paris.
Reconnu par ses pairs, parmi lesquels figuraient des praticiens renommés tels qu’Émile Decoeur, Maurice Gensoli, et Adolphe Dalpayrat, Frédéric Kiefer occupa le poste de professeur à l’École Nationale Supérieure de Céramique de Sèvres de 1947 à 1959. Spécialiste de la céramique grand feu, il travailla en collaboration avec Émile Decoeur à la Manufacture de céramiques de Sèvres, adoptant notamment le grès porcelainique, une matière développée par Decoeur en 1927.
En 1959, Frédéric Kiefer fut nommé membre de la Commission artistique de la célèbre manufacture. En juin 1978, six mois après son décès, sa production artistique fut mise aux enchères publiques chez Drouot, comprenant plus de 200 pièces telles que des vases, des coupes, des bols et des sculptures. Durant sa vie, bien qu’il ait été souvent sollicité, le céramiste Frédéric Kiefer ne vendit que quelques-unes de ses œuvres, principalement lors d’achats publics par l’État.