Amand Eugène Albert Lion naquit le 9 avril 1867 à Saint-Amand-le-Puisaye, une terre d’artisans potiers depuis le XVe siècle. Son père, Amand, également potier, lui transmit son savoir-faire, perpétuant ainsi la tradition familiale. Produisant des céramiques utilitaires, l’arrivée du sculpteur Jean Carriès à Saint-Amand-en-Puisaye vers 1888 insuffla liberté et innovation dans la pratique des potiers locaux.
Le père d’Eugène fut l’un des premiers à accueillir le sculpteur Jean Carriès dans son atelier, lui prodiguant ses conseils de potier expérimenté. À son tour, Eugène assista le maître jusqu’à la mort de Carriès en 1894, tout en menant une production personnelle.
Jean Carriès exerça une forte influence sur les pratiques et recherches d’Eugène Lion. Avec Jean Pointu et son fils Léon Pointu, Paul Jeanneny et William Lee, Eugène est considéré comme l’un des plus importants représentants de l’école de Carriès. Bien qu’il ait produit de nombreux vases aux formes et couvertes variées, inspirés par les travaux de Carriès et la céramique japonaise alors en vogue, l’esprit des potiers de Puisaye reste bien visible dans l’œuvre d’Eugène Lion.
Revendiquant un grès de style japonais, Eugène Lion produisait des céramiques marquées par une matière expressive, allant jusqu’à la déformation volontaire. Son œuvre reflète l’esprit de la céramique japonaise, évoquant une nature en action.
Réputé pour ses grès à couverte rouge, il développa dans les années 1920 une formule à base de cuivre qui lui assura une certaine renommée. Proches d’un rouge lie-de-vin, les émaux d’Eugène Lion rappellent parfois les teintes vives et violacées de Pierre-Adrien Dalpayrat.
À la mort d’Eugène en 1945, son fils Pierre reprit l’atelier, perpétuant l’héritage artisanal et culturel familial jusqu’à la fermeture de la poterie en 1978, l’année de la mort de Pierre Lion.