Tore Strindberg, sculpteur et médailleur suédois, est principalement reconnu pour ses sculptures en bronze, qui incarnent le style classique et réaliste des années 1920 et 1930. Il occupe une place importante dans le mouvement de la sculpture art déco en Suède. Originaire de Stockholm, il fréquente l’Académie des Beaux-Arts de la ville de 1902 à 1905. Sous la tutelle du célèbre médailleur Adolf Lindberg à la Monnaie royale de Stockholm, il démontre rapidement un talent exceptionnel dans la création de médailles et de reliefs. Bénéficiant d’une bourse, il voyage à travers l’Europe, notamment à Paris, où il s’inspire du style français du XVIe siècle. Cette esthétique, qui a fasciné de nombreux artistes suédois de son époque, a influencé à la fois sa poésie et ses sculptures.
L’œuvre de Tore Strinberg débute avec de nombreuses commandes dans le domaine religieux, une période marquée par un important mouvement de construction d’églises dans un style moderne en Suède durant les années 1910-1920. Parmi ces commandes figurent la décoration de l’église d’Åmots en 1917 et celle de la Hjorthagens kyrka (église du jardin des cerfs) dans le quartier Hjorthagens de Stockholm, pour laquelle il crée un autel monumental et une grande statue de cerf en bronze doré. Cependant, sa contribution la plus significative se trouve dans la décoration de l’Engelbrektskyrkan à Stockholm, qui représente un manifeste du mouvement national romantique et du Jugendstil de cette époque. Dans cette église, Strindberg réalise des décors en stuc qui préfigurent son style à venir : un monumentalisme caractérisé par des volumes géométriques et un modelé brut, le tout souligné par une grande expressivité des visages.
En 1925, Tore Strindberg reçoit la commande d’une sculpture en bronze représentant une jeune fille pour embellir le jardin de la résidence d’un riche Finlandais. Cette sculpture, nommée “Krokus”, est l’une des œuvres les plus célèbres de l’artiste. Elle dépeint une jeune fille tenant une fleur de crocus flétrie. Érigée en 1925, cette œuvre est considérée comme l’un de ses chefs-d’œuvre et se trouve sur la place de l’Hôtel de Ville à Stockholm, avec des copies à Göteborg, Karlshamn et Borås. Une réplique est également exposée à Los Angeles.
Une autre réalisation majeure de Tore Strindberg est la décoration de la place Järntorget à Göteborg. Cette fontaine monumentale illustre les cinq continents et souligne l’importance du commerce des métaux dans l’histoire de la ville. L’œuvre se compose d’une fontaine en granit et d’un bassin en fonte. Autour du bassin, cinq femmes sont assises, représentant chacune l’un des cinq continents : l’Amérique tenant la Statue de la Liberté, l’Asie en position de lotus, l’Australie chevauchant une tortue, l’Afrique avec un vase d’eau et l’Europe se mirant dans un miroir.
Tore Strindberg s’illustre également dans la création de médailles commémoratives pour des personnalités telles que Pierre de Coubertin et pour les Jeux olympiques de 1944.
En dehors de ses contributions artistiques, Tore Strindberg est profondément affecté par la tragédie familiale lorsque son frère, Nils Strindberg, photographe, disparaît lors de l’expédition polaire Andrée en 1897. Cette expédition, destinée à atteindre le pôle Nord en ballon à hydrogène depuis le Svalbard, se termine de manière tragique. Les corps de Nils et de ses compagnons ne sont retrouvés qu’en 1930, sur l’île Kvitøya. En leur mémoire, Tore Strindberg crée un mémorial pour les victimes. Bien que le style reste monumental, l’iconographie adoptée est abstraite. Si elle évoque un bloc de glace, elle laisse place à un monumentalisme géométrique.
L’influence artistique de Tore Strindberg demeure vivante à travers ses œuvres exposées dans des musées en Suède et à l’étranger, ainsi que dans les monuments et espaces publics suédois. Sa contribution à la scène artistique de son époque et à l’histoire de l’art suédois reste indéniable.