Esquisse préparatoire à la sculpture Icare également proposée par Théophanos cette petite sculpture en bronze nous montre les premiers gestes d’élaboration de l’œuvre finale
Dépouillée de tout détail mais riche de l’essentiel l’esquisse est à la fois quintessence et semence de l’œuvre finale.
Ici le sculpteur Guy Le Perse mène une réflexion sur le mythe d’Icare et nous présente le fils de Dédale sombrant dans les flots. Sur une base représentant la mer qui portera son nom, nous voyons Icare à l’exact moment où son corps inerte et tournoyant entre en contact avec les vagues
Destin tragique que celui d’Icare que de nombreux auteurs antiques nous ont compté.
Fils du génial Dédale, Icare est le protagoniste d’un drame laissant la place à de nombreuses interprétations. Dédale, architecte et ingénieur athénien, était au service du Roi Minos. Il avait en effet trouvé refuge chez le roi de Crète après avoir tué son neveu Talos. Surpassant l’ingéniosité de son Maître Dédale, Le jeune Talos avait inventé la scie et le compas. Rongé par la jalousie à l’égard de son brillant disciple, Dédale le précipita du haut de l’Acropole. Réfugié en Crète il rendit plusieurs services au roi Minos et à son épouse Pasiphaé. Ses services et conseils constituèrent la chaine tragique d’un terrible destin tel que l’affectionne la mythologie grecque. Minos ayant refusé de sacrifier un magnifique Taureau blanc au dieu de la mer Poséidon qui pourtant l’avait fait roi, fût puni par ce dernier. Poséidon ensorcela l’épouse du roi Minos, Pasiphaé, en la rendant amoureuse du Taureau. Devenue folle de désir pour cette bête, Pasiphaé demanda à Dédale de lui construire une génisse de bois dans laquelle elle pourrait se cacher et ainsi s’accoupler avec le Taureau. De cette union sacrilège naquit le Minotaure, monstre à corps d’homme et tête de taureau. Humilié, Minos demanda à Dédale de concevoir une prison permettant d’enfermer ce monstre afin que nul ne découvre l’existence de cette abomination. Dédale, architecte génial, réalisa le Labyrinthe. Pour avoir aidé Thésée, par l’intermédiaire d’Arianne, à s’échapper du Labyrinthe après avoir tué le Minotaure, Dédale fût condamné par le roi Minos à être enfermé avec son fils Icare dans ce labyrinthe qu’il avait lui-même conçu.
Pour s’évader avec son fils du Labyrinthe l’ingénieux Dédale confectionna deux paires d’ailes faites de cire et de plumes. Avant de prendre leur envol du haut des murs du labyrinthe, il mit en garde son fils de ne pas s’approcher trop près de la mer et du soleil au risque que ses ailes ne s’alourdissent par l’humidité de l’eau ou ne se désagrègent sous la chaleur du soleil. Malheureusement, grisé par ce nouveau pouvoir, celui de voler, Icare s’approcha si près du soleil que la cire de ses ailes fondit. Incapable de poursuivre son vol Icare tomba dans la mer et y mourut. Certaines versions du mythe soutiennent qu’après avoir enterré son fils, un oiseau se posa sur la tombe de celui-ci. Il s’agissait de Talos le neveu de Dédale, transformé en oiseau par la déesse Athéna venu lui rappeler son crime et sa punition.
Il est entendu que le destin tragique d’Icare rappelle à l’homme le prix de la démesure, de l’hubris. Icare s’est brulé les ailes à vouloir trop s’approcher du soleil.
Mais la démesure est aussi chez Dédale qui a une punition divine répondait par l’astuce, l’habilité et la ruse. Plusieurs fois, Dédale l’assassin s’est joué des commandements divins. Il finit par le payer de la plus terrible des façons.
La faute d’un père peut être payé par le fils et l’erreur d’une génération, assumé par la suivante. C’est ce que l’œuvre finale du sculpteur Guy Le Perse nous montre : de sa main sortant encore quelques instants de l’eau, Icare nous désigne le vrai coupable, là-haut, volant dans les airs.
Le sculpteur Guy Le Perse a été formé au sein de l’École nationale supérieure des arts et Industries textiles de Roubaix et de l’École des beaux-arts de Douai. Guy Le Perse eut comme maîtres le sculpteur Armand DEBEVE, dont il fut le modèle pour certaines de ses œuvres, et le peintre et graveur Auguste-Jean GAUDIN. De ses maîtres, il tire une très grande exigence personnelle dans la maîtrise du geste et dans la réalisation de ses œuvres.
Artiste complet et expert, maîtrisant aussi bien la gravure au burin que la peinture, Guy Le Perse travailla de nombreuses années pour différents clients prestigieux. Tout en pratiquant la sculpture comme une philosophie personnelle et secrète, Guy Le Perse enseigna au sein d’écoles d’art appliqué et d’écoles des beaux-arts du nord de la France.
Peu avant l’an 2000, Guy Le Perse décida de se consacrer essentiellement à la sculpture. Guy Le Perse a produit une œuvre figurative puissante et profonde s’inscrivant dans la grande tradition de la statuaire française, l’une des plus riches et belles au monde.
Par son travail, Guy Le Perse perpétue l’excellence de la sculpture française que des artistes illustres, comme Jean-Baptiste Carpeaux ou Auguste Rodin, ont porté au sommet, sa juste place.
Puisant dans les fondements et mystères de l’âme humaine que les grands mythes et textes fondateurs nous explicitent, Guy Le Perse y a enfanté une œuvre intemporelle d’une très grande beauté, alliant force et délicatesse.
Farouchement indépendant durant toute sa vie professionnelle, il l’est également avec son temps. Les sculptures de Guy Le Perse ne suivent pas de mode ou de courant ; les sculptures de Guy Le Perse sont de toute éternité. Sans concession avec l’époque, les œuvres de Guy Le Perse sont à même de parler du tragique de l’humain à l’homme d’hier comme à celui qui dans mille ans les contemplera.
Perfectionniste et exigeant, Guy Le Perse réalise lui-même, hors coulage du bronze, la totalité du processus de fabrication de ses bronzes. Maîtrisant avec une même exigence le modelage d’après modèle, la ciselure que la réalisation de la patine, Guy Le Perse accompagne ses œuvres jusque dans leurs moindres détails.
Exposition – Guy Le Perse – Paris, Hôtel George V – 01/06/2003 – 30/06/2003
Exposition – Guy Le Perse – Lambersart, Le Colysée – 11/11/2005 – 08/01/2006
Exposition – Art-Up ! – Lille, Grand Palais – 28/02/2019 – 03/03/2019